Cette Parasha s’ouvre sur un triste évènement: Sarah quitte ce monde âgée de 127 ans. Le verset utilise d’ailleurs une étrange expression: “cent ans, et vingt ans et sept ans- les années de vie de Sarah”. Quelle sacrée redondance!
Rashi commente : "toutes ses années étaient égales en bien".
Rabbi T. Miller Chlita s’étonne: en quoi est-ce louable que toutes les années d’une personnes soient ‘égales’ en bien? La Torah ne favorise -t-elle pas la progression et l’élévation d’une personne plutôt que sa capacité à être égale à elle même toute sa vie durant? Une bonne vie n’est-elle pas une vie où l’on ne cesse de se renouveler, où l’on ose appréhender le changement, où l’on apprend, afin de se grandir?
La Guemara (Baba Batra 97b) décrit de manière très énigmatique le couple formé par Avraham et Sarah.
En effet, le Talmud les compare à deux faces d’une même pièce: à la fois ‘Zaken ouzkena’-c’est-à-dire un vieux et une vieille, et ‘Na’ar oubetoula’- un jeune homme et une jeune fille. Cela signifie qu’ils sont restés jeunes dans leurs vieux jours puisqu’ils ont réussi à concevoir un enfant, mais que ce qui est encore plus fort c’est qu’ils ont été capables d’être vieux même lorsqu’ils étaient jeunes.
Sarah était capable d’être vieille quand elle était jeune, et fut de même capable d’être jeune quand elle était vieille.
Quand on est jeune, on a une énergie folle, mais on est moins raisonnable, plus frivole et moins sensé. A l’inverse, lorsque l’on prend de l’âge, on a beaucoup moins d’énergie mais beaucoup plus d’expérience de la vie.
En d’autres mots, soit on a des forces, soit on a acquis de la sagesse. L’exercice qui nous incombe est celui de réussir à allier ces deux aptitudes: avoir de l’énergie, et acquérir de la maturité.
Il est marqué dans le corpus de Devarim (32/7): שאל אביך ויגדך זקניך ויאמרו לך. La traduction classique est : “Interroge ton père, il te l’appprendra, tes vieillards, ils te le diront”.
Une autre lecture de ce verset est suggérée par Rabbi Miller : Il faut poser des questions à la manière d’un vieux, c’est-à-dire s’imprégner de l’expérience des vieux et comprendre quelles sont les qualités exceptionnelles de nos seniors et ensuite s’approprier et se nourrir de ces qualités même lorsque nous sommes jeunes.
Or, Sarah Imenou était toujours à l’affut d’un nouvel apprentissage, d’une énième leçon de vie inspirante, elle s’imprégnait depuis jeune de la sagesse de ses aînés et c’est ainsi qu’elle était jeune et vieille depuis son plus jeune âge. C’est là le sens profond du commentaire de Rashi lorsqu’il affirme, tout à l’honneur de Sarah Imenou, que toutes ses années étaient égales.
Grâce à cette Mida de la sagesse qu’elle a cultivé depuis jeune, elle a pu être jeune et vieille.
Si nous faisons l’effort de nous imprégner de la sagesse des personnes plus âgées quand nous sommes jeunes, alors quand on sera vieux, on gardera cette force de notre jeunesse.
Sur le plan personnel, nous devons être toujours en quête de cette double énergie: l’énergie physique et l’énergie mentale.
Mais également dans notre couple nous souhaitons garder cette jeunesse, cette énergie, toute notre vie!
Le secret est là: il suffit de s’investir dans notre jeunesse, c’est à dire lorsque notre corps est encore jeune et qu’on peut enfanter. A cette période là, si courte en vérité, nous avons la possibilité de mûrir, de s’inspirer de l’expérience et de la sagesse des anciens, de faire grandir notre couple à l’aide des lois de la pureté familiales!
En suivant scrupuleusement ces règles fabuleuses que la Torah nous a donné, notre couple devient "vieux" dans sa jeunesse, acquiert une expérience particulière qui lui permettra de conserver cette intensité, cette fougue, cette vitalité du début!
En route pour la fraîcheur sans Botox et la maturité avec ou sans rides!